Le Black Healing Fund est une nouvelle initiative bénévole basée à Tio'tia:ke / Montréal qui cherche à fournir aux personnes noires de la région un financement discrétionnaire pour la thérapie et d'autres ressources axées sur la santé mentale. Le Black Healing Fund est une initiative qui est née du fait que l'on ne pouvait accepter que les personnes noires (en particulier les personnes noires queer, trans, non binaires, en situation d’handicap et à faible revenu) doivent payer pour leur propre guérison dans un système qui, non seulement cause la plupart de nos traumatismes, mais qui nous tue continuellement ; même au milieu d'une pandémie mondiale.
Le Black Healing Fund estime que le coût associé à la recherche de la santé mentale et du bien-être ne devrait pas être un fardeau supplémentaire sur les personnes noires. Nous pensons également que le nombre limité de thérapeutes et de guérisseurs noirs (un autre symptôme de la suprématie blanche) ne devrait pas être sollicité pour effectuer un travail gratuit. Le BHF tient ces valeurs à cœur en fournissant aux Noirs à faible revenu les moyens financiers d'accéder aux services de santé mentale dirigés par des Noirs de leur choix. Un élément nécessaire à la destruction de la suprématie blanche est de compenser les effets dévastateurs de nos odieuses histoires coloniales ; cela inclut la redistribution des fonds provenant de personnes non noires et non autochtones vers les communautés noires et autochtones. Il ne s'agit pas d'une charité, mais plutôt d'un petit pas vers le démantèlement de nos systèmes violents.
Bien que nous reconnaissons collectivement que le capitalisme et la suprématie blanche sont des forces puissantes et oppressives qui nous nuisent tous à différents niveaux, il est indéniable que les personnes noires sont soumises à des niveaux disproportionnés de violence systémique, en particulier lorsqu'elles vivent à l'intersection d'autres identités marginales (c'est-à-dire celles qui sont : trans féminines, sur le spectre trans, LGBTQQIA+, en situation de handicap, femmes, faible revenu). Les Noirs d'aujourd'hui font l'expérience du racisme dans leur vie quotidienne à travers tout; du profilage racial et des micro-agressions, à la brutalité policière et au meurtre sanctionné par l'État. En plus de subir un traumatisme générationnel, on attend des Noirs qu'ils naviguent dans un système qui nous nuit directement sans disposer de ressources accessibles qui contribuent à notre bien-être mental. Si le racisme anti-noir n'est pas nouveau, il s'agit d'un moment extrêmement traumatisant pour les communautés noires, car nous assistons en temps réel à un débat sur notre humanité et au mépris de notre sécurité fondamentale. Le soulèvement social mondial et le mouvement Black Lives Matter, en tandem avec la pandémie COVID-19, ont forcé les personnes de couleur, blanches et non noires, à s'intéresser activement à ces questions, mais cela signifie aussi que les Noirs sont à nouveau traumatisés chaque jour ; ils sont témoins de la mort des Noirs et de la brutalisation de leurs communautés, et témoignent de conversations déshumanisantes dans les nouvelles, en ligne et dans nos cercles sociaux. Compte tenu de notre climat politique actuel, où les Noirs à faible revenu restent extrêmement marginalisés et soumis à des formes nouvelles et croissantes de conservatisme extrême et de suprématie blanche, il est urgent de disposer de ressources et d'initiatives qui contribuent au bien-être mental de ces communautés.
Il est indéniable que des projets tels que le Black Healing Fund sont importants dans notre contexte local (Tio'tia:ke, territoire Kanien'kehá:ka (Mohawk) non cédé de Montréal, QC), mais aussi que des initiatives comme celles-ci sont nécessaires partout. En raison de la privation continue des questions qui touchent les populations noires et autochtones au niveau gouvernemental, les organisations communautaires sont essentielles à la survie de nos communautés. Le Black Healing Fund s'efforce de promouvoir un monde où aucun Noir ou Autochtone ne devrait avoir à payer pour la guérison des systèmes qui nous nuisent. Nous souhaitons également faire savoir que, bien que nous existons spécifiquement pour l'accessibilité aux services de santé mentale pour les personnes noires, nous reconnaissons que les membres de la communautés Autochtones sont confrontés à des luttes similaires. Pour l'instant, nous n'acceptons que les candidatures des Noirs qui vivent dans la région, mais il y a beaucoup de place pour la croissance dans le cadre de ce projet et nous espérons être en mesure de servir de plus grandes communautés à l'avenir. Nous vous encourageons vivement à créer un fonds de guérison, de thérapie et/ou de défense des droits des Noirs (et/ou des Autochtones) dans votre région ; nous avons été inspirés par d'autres personnes qui font un travail similaire dans d'autres villes, et nous aimerions unir nos forces, promouvoir et amplifier ces efforts.